Extrait du journal de bord du Galopin - 10 Emmanir 1524

Extrait du journal de bord du Galopin, Dielen le 10 du mois d’Emmanir 1524.

Vladislaw Grawitz, capitaine.

« Cela fait deux jours de suite que nous croisons la route de sloops marchands. Les gars s’impatientent mais j’ai préféré ne pas les intercepter. Les deux d’hier avaient des lignes de flottaison trop hautes. Peu chargés. Pas intéressants. J’ai un peu fait donner la chasse pour voir comment les équipages manœuvraient. Je suis relativement satisfait. Leur technique est bonne mais il leur manque de l’énergie et de l’agressivité. Ce matin ils étaient plus énervés mais j’ai laissé filer la proie. Je ne touche pas aux liaisons régulières depuis Baden et je connaissais ce bâtiment. Un marchand de bois précieux du Puit en partance vers son lieu de chargement.

Börek a raison ! Ce porc salé est un vrai délice ! Et ce petit rouge de Raoren…

Il m’a raconté au dernier transbordement qu’un jeune mousse ne voulait pas briquer le pont au prétexte qu’un marin « digne de ce nom » devait apprendre la navigation avant la propreté. Ca m’a bien fait rire quand Börek m’a dit qu’il lui avait broyé les genoux dans ses paumes. Maintenant il ne peut rien faire d’autre que de passer la brosse vu qu’il ne peut plus se lever. On le balancera à la baille avant de rentrer.

J’ai horreur des estropiés.

Je vais laisser les gars marner encore quelques jours. Lorsqu’ils seront au bord de s’entretuer, je leur trouverai une coque.

Un bon pirate est toujours impatient. Toujours un peu nerveux.

Bon ! Il est l’heure d’aller voir s’il y a de la casse à bord. J’ai un client qui a déjà trois trous au derche : Karl la pisse. Fort comme un démon et con comme un jambon ! D’où son surnom, il en a autant dans la tête que sur lui vu qu’il passe son temps à se soulager contre le vent.

J’ai déjà les abrutis ! C’est bien pour ça que j’veux pas d’éclopés !

Mais où est donc cette putain de rapière ? »