Extrait du journal de bord du Bagne - 19 Emmanir 1524

Extrait du journal de bord du Bagne, Varilen le 19 du mois d’Emmanir 1524.
Börek l’éventré, capitaine.

« Par tous les trous de ma sœur ! L’assaut de la nuit dernière m’a rappelé la prise du Victory !
Et là, cette fois-ci ! L’évadé s’est surpassé ! Cela faisait trois jours que nous suivions deux sloops marchands accompagnés de deux goélettes d’escorte. Tout droit arrivés des royaumes de l’ouest.
Le deuxième jour, j’ai reçu l’ordre de donner la chasse pendant que le Galopin profitait du brouillard précédant l’aube pour les dépasser. Ma mission était simple : les forcer à ne prendre gare qu’à moi et les obliger à mettre les goélettes plusieurs fois par jour en ordre de bataille. Bref, les rendre nerveux.
L’attaque était prévue pour la troisième nuit après l’alerte de la vigie. Et ne me demandez pas comment le patron a su leur direction, leur vitesse ainsi que le point où il les rencontrerait ! Je n’en sais foutre rien ! En mer, il a tout du devin. C’est bien pour ça que les hommes lui font une confiance aveugle.
Le reste de la manœuvre a été d’une férocité absolue. Au cœur de la nuit, l’évadé a abordé seul une des goélettes à bord d’un canot et massacré tout l’équipage ! Oui, seul ! On l’a retrouvé couvert de sang des pieds à la tête, fumant tranquillement une pipe en se soulageant par-dessus le bastingage… Le Galopin abordait l’autre bâtiment pendant ce temps-là. Mon Bagne, bien que moins rapide, a alors stoppé les deux sloops trop chargés. Nous avons repeint jusqu’aux mâts des deux coques avec le sang de leurs occupants.
Le cloueur a fait son office, nous avons désarmé les navires et transbordé les marchandises. On a coulé les goélettes. Le patron a fait garder un timonier vivant, soi-disant parce que ces vermines ont de la mémoire. On l’a passé à la poulie et à bien d’autres choses. Et puis ce chien est resté seul sur un des deux vaisseaux fantômes.
Même ‘tit Garf a profité de lui avant qu’on l’abandonne ! Par mes balafres, toujours un plaisir de transformer un mousse en vrai marin !
Je vais quand même continuer à le besogner, histoire qu’il ait la démarche chaloupée du vrai loup de mer. »

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